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Didier Raoult ou Docteur Jekyll et Mister Hyde

« Considérant la pensée d’un événement historique, une idée dans une tête l’est dans d’autres. »

Raoult se dédouble en Docteur Jekyll et Mister Hyde.

Le Professeur Raoult reçoit le grand prix Inserm 2010 dédié à l’ensemble de son œuvre. On applaudit. Avec ses équipes de recherche de l’Institut Hospitalo-Universitaire en maladies infectieuses de Marseille, il a élaboré une potion afin de vaincre la maladie CoVi-19. « Oui, tous on espère que ça marche », énonce la formule canonique du moment. Dans les couloirs de l’IHU, l’on murmure sous cape que dans cette crise sanitaire le docteur « a mis ses couilles sur la table ». Raison supplémentaire d’en souhaiter le succès. Sinon, ouille, ouille ! Une étude clinique randomisée et conduite en «double aveugle » a été lancée au CHU de Montpellier, début avril, afin de tester scientifiquement le protocole marseillais. C’est Docteur Jekyll.

L’essentiel de la critique adressée à Raoult, par les sociétés savantes, porte sur l’absence de preuve scientifique de sa démarche empirique. Le refus d’une démarche empirique par l’orthodoxie scientifique n’est pas sans soulever des questions. Ainsi, qui pratique l’homéopathie se soucie comme d’une guigne de la preuve scientifique, pourvu que ça marche. Toute analogie a ses limites. La différence entre les deux démarches réside dans le retour d’expérience séculaire de l’homéopathie et son absence de dangerosité. Le protocole incriminé ne bénéficie pas d’un tel retour d’expérience. En outre et surtout, il n’est pas sans effets secondaires indésirables, voire mortels. Donc, le statut de la preuve scientifique s’impose au nom du principe de précaution. Tel est le sens de la prudence avancé par les sociétés savantes.

En revanche, les jugements à l’emporte pièce de Raoult, sur la façon de maîtriser la crise, ça ne marche pas. La désinvolture le dispute à l’incompétence. Arguer de sa carrière scientifique dans le but de s’afficher comme l’appui incontournable des décisions politiques relève d’une dangereuse imposture. C’est Mister Hyde.

Membre du Conseil scientifique, il y est sans y être, claque la porte sans la fermer. Prend un raccourci, contourne les discussions officielles. Olivier Véran est en relation permanente avec le chercheur, « tous les jours ». Les Macron entretiennent une liaison occulte avec le Professeur. La Première dame de France a une influence sur le Président. Raspoutine au Palais !

La présente critique des assertions raoultiennes, lesquelles portent sur la maîtrise de la crise sanitaire majeure, prouve par la démonstration leur caractère anti-scientifique. Cette critique est double. Interne et externe. L’interne juge les propos du Professeur selon sa propre méthode scientifique. Sa démarche est la suivante : les données brutes, l’observation, le coup par coup et la mise en perspective. L’externe juge selon une démarche externe à sa méthode.

Le 21 janvier 2020, sur la chaîne You Tube de l’IHU : « Il y a trois Chinois qui meurent et ça fait une alerte mondiale. L’OMS s’en mêle, on en parle à la télévision et à la radio. Tout cela est fou, il n’y a plus aucune lucidité ». Fort de son expérience en maladies infectieuses, il ne se sent pas particulièrement concerné. Le reproche a posteriori à son égard selon lequel il aurait relativisé l’épidémie est sans fondement. L’incrimination repose sur une réécriture de l’histoire. Au 21 janvier, l’épidémie n’existe pas officiellement en Chine. Tout bascule le lendemain 22 janvier. Du 22 janvier au 25 janvier, le gouvernement chinois confine la plus grande partie de la population de la province de Hubei, environ 50 millions d’individus. Le 30 janvier : 38 morts en une journée. C’est le grand bond en avant. Le bilan établit 170 morts et 7 700 contaminés. Ce même 30 janvier, le Directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé, sur avis du Comité, déclare tardivement que « la flambée épidémique due au 2019-nCoV constitue une USPPI [Urgence de Santé Publique de Portée Internationale]. » Remarque : « Le Comité, sur la base des informations actuellement disponibles ne recommande pas de restreindre les voyages ou les échanges commerciaux. » Le 11 mars, l’OMS déclare tardivement le passage de l’épidémie au stade de pandémie.

Les annonces tardives de l’Organisation Mondiale de la Santé tiennent au fait qu’elle se trouve sous la coupe de l’Organisation Mondiale du Commerce aux mains des grandes puissances.

Au stade non épidémique, il n’y a pas trop à redire sur l’indifférence du chercheur. Une remarque cependant, « il n’y a aucune connexion entre l’information et la réalité du risque. » L’on observe une imprudence du scientifique concernant la « réalité du risque ». Sans doute n’y a-t-il pas d’épidémie mais scientifiquement parlant il ne doit en aucun cas sous-estimer la « réalité du risque ». Au scientifique appartient d’établir la « réalité du risque » épidémique à partir de l’observation des faits bruts et de l’évolution possible de ces faits. Il a obligation de prévenir le danger. L’épidémiologie est une science. Elle est dotée d’une sérieuse et copieuse littérature. Le docteur ignore si la mort de trois Chinois ne sera pas demain la mort de cent. Il exclut la possibilité d’une épidémie et, partant, d’une pandémie. Son misérabilisme tient tout entier en sa devise « Nous avons le droit d’être intelligents. » En médecine, en matière de santé publique, ce droit ne suffit pas. L’on se doit d’ajouter impérativement : « Nous avons le devoir d’être intelligents. » Question de vie ou de mort d’un individu, d’un grand nombre.

Le 29 janvier 2020, soit six jours après les trois premiers cas recensés en France, le 24 janvier, et un long jour d’avance sur la déclaration d’Urgence de Santé Publique de Portée Internationale de l’OMS, Louis Gautier, ancien secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale s’inquiétait d’« un retard à l’allumage » du gouvernement d’Édouard Philippe. « Je ne comprends pas pourquoi ils n’ont pas déclenché le plan Pandémie. On perd un temps précieux. » (« L’internationale barbouze avait prévu la pandémie », Claude Angeli, Le Canard enchaîné, le 8 avril 2020) Le stratège a en l’esprit le facteur temps décisif dans l’art de la guerre. Et tout le monde connaît, d’après une information scientifique chinoise, la qualité véloce du virus.

Le 1er février 2020, sur un ton péremptoire : « Ce virus n’est pas si méchant, ce n’est pas un meurtrier aveugle. […] Sans être devin, je doute que le virus chinois fasse augmenter de manière très significative, chez nous tout au moins, les décès par pneumonie. » (« Le professeur Didier Raoult : ‘‘Ce coronavirus n’est pas si méchant’’ », entretien avec Anne-Laure Barret, le JDD, le 1er février 2020.) Or, la situation sanitaire n’est plus celle du 21 janvier. En Chine, ça flambe. L’on parle d’épidémie. L’épidémiologie, « je m’en fous. » L’affirmation « le virus n’est pas si méchant » ne résulte d’aucune donnée brute, d’aucune observation. L’opinion fausse s’avère comateuse. Et si le virus est chinois, alors Raoult est le docteur Fu Manchu.

« Sans être devin », personne ne lui demande de l’être, scientifique suffit. Lui qui refuse le prédictif s’autorise un peu trop souvent le recours à la prédiction. Sa simili-critique des sciences prédictives se retourne contre lui. Préférant la druidistique à la théorie des modèles, il identifie les sciences prédictives aux pensées magique et prophétique. L’épistémologie, « je m’en fous ». Pourtant, il s’adonne volontiers à la prophétie et à la magie du nombre.

Le 25 février 2020, Professeur You Tube annonce un scoop : « Coronavirus : fin de partie ». « Un scoop de dernière minute, une nouvelle très importante. Les Chinois qui sont ceux qui vont le plus vite, qui sont les plus pragmatiques, qui plutôt que de chercher un vaccin ou une nouvelle molécule qui soignent le coronavirus […] ils ont testé les molécules qui sont anciennes, qui sont connues, qui sont sans problème de toxicité pour les tester contre leur nouveau virus. […] Ils l’ont testé contre leur nouveau virus, leur nouveau corona, ils ont trouvé […] que la chloroquine est active in vitro. […] Les Chinois que je considère comme les meilleures équipes de virologie au monde […], je leur ai dit que j’espère que très très vite les Chinois nous donnerons les résultats d’une première étude sur l’efficacité de la chloroquine sur les coronavirus, et ça vient de sortir [ton enthousiaste] et c’est efficace sur les coronavirus […] Une amélioration spectaculaire, et c’est recommandé pour tous les cas cliniquement positifs d’infection à coronavirus chinois. Donc c’est une excellente nouvelle. C’est probablement l’infection respiratoire la plus facile à traiter de toutes [rire de l’assistance composée d’étudiants et de chercheurs]. […] Faites attention, il n’y aura bientôt plus de chloroquine dans les pharmacies [derechef la claque rit]. » Avec la pénurie de masques, de tests, l’orchestration de la ruée dans les pharmacies. Bravo le diafoireux ! Quand les Muppets Show de l’IHU prendront avec soin la température de la CoVid-19 et non celle de la fièvre-cul qu’ils ont chopée, peut-être se lasseront-elles d’avoir le boyau de la rigolade.

« C’est recommandé pour tous les cas cliniquement positifs d’infection à coronavirus chinois. » Falsificateur ! Jamais les scientifiques chinois ne se sont aventurés à un tel pronostic. Au reste, Hyde reviendra, plus tard, sans rien en dire, sur son propos, en déclarant que sa potion « marche » sur certains cas seulement, ceux qui ne sont pas graves. Les scientifiques chinois sont rapides, prudents aussi. Intelligents, ils ne confondent pas vitesse et précipitation, même, et surtout, dans l’urgence. Sur ce point, et quelques autres, il eut été bon de jouer « le coup par coup ». Attendre les résultats scientifiques chinois fondés sur des données certifiées.

C’est dénaturer la réalité connue donc observable d’affirmer que les scientifiques chinois sont uniquement pragmatiques. Dans l’urgence, ils travaillent sur les anciennes molécules, la Médecine Chinoise Traditionnelle, de nouvelles molécules et un vaccin. Ils travaillent aussi en partenariat avec des équipes internationales, américaines, françaises et autres. Exclusivement pragmatiques, ils ne feraient pas partie des meilleures équipes de virologie au monde. Ils ne se gargarisent pas d’un optimisme propagandiste. Leurs dernières découvertes révèlent un nouveau virus plus redoutable qu’initialement prévu. Le scoop est le soliloque d’un paralysé du cogito.

Dans La Provence du 21 mars 2020 (entretien avec Alexandra Ducamp), Hyde déploie un florilège d’inepties. « ‘‘627 morts en une journée et 40 000 cas de Covid-19 en Italie, on n’en est plus à la ‘grippette’ dont vous parliez il y a quelques semaines…’’ Pr Didier Raoult : ‘‘Vraisemblablement, vous ne comprenez pas du premier coup.’’ » Le « coup par coup » entrave l’anticipation. Opposé à toute prévoyance, identifiée à la voyance, il se ferme à une compréhension possible de l’événement. Néanmoins, il pratique la voyance. « Il y a dans le monde 2,6 millions de morts d’infections respiratoires par an, vous imaginez que les 5 000, 10 000 ou même 100 000 vont changer les statistiques ? » La magie du nombre s’arrête à 100 000, comme elle ne franchie pas les 10 000 morts en France. Et 250 000 ? Ce serait étonnant qu’on n’y arrive pas, et beaucoup plus si les pays d’Afrique, d’Amérique latine, et l’Inde se trouvaient gravement touchés. À titre indicatif, selon les années, la grippe saisonnière tue entre 290 000 et 650 000 individus dans le monde. Le nouveau coronavirus est plus virulent que celui de la grippe. L’on parle peu des conséquences sur la famine dans le monde. Selon l’ONU, le nombre de personnes souffrant sévèrement de la faim pourrait doubler en raison de la pandémie, atteignant alors plus de 250 millions d’ici la fin de 2020.

« Pour l’instant, on a plus de chance de mourir d’autres choses que du Covid-19. » Le « coup par coup » qu’évoque le « pour l’instant » se trouve dépassé. « Chance de mourir », venant d’un professeur de médecine, celle-là, quelle audace !

« Ils vont directement en réanimation et ils vont mourir là-bas. » Menteur ! Certes, la réanimation est le stade de la dernière chance, mais c’est encore une chance. Pour le moment, l’on ne dispose d’aucune statistique établissant la proportion entre le nombre de morts et de guéris. Une certitude, des patients en sont sortis. Identifier une chambre de réanimation à une chambre mortuaire, assimiler anesthésiste-réanimateur à croque-mort, relève du délire.

Autant son microscope lui rend visible la réalité invisible, autant sa perception de la réalité visible est microscopique. Il ne croit que ce qu’il voit. Et il a la vue faible. D’où son refus de la pensée prédictive au profit du « coup par coup ». D’un « coup par coup » néanmoins prédictif !! « 10 000 morts, c’est beaucoup. Mais là, on en est à moins de 500. On va voir si on arrive à en tuer 10 000, mais ça m’étonnerait. » 21 340 à la date du 22 avril. Sans compter les morts en ville. La canicule de 2003 avait fait 15 000 morts, en première approche. En 2007, le bilan définitif s’établit à 19 500 morts, 25 000 morts selon les syndicats des urgentistes de France. À titre indicatif, selon les années, la grippe saisonnière tue en moyenne 10 000 individus en France.

Le virus ne tue plus. « On » est le tueur. Hyde s’intègre dans le « on » des tueurs en série, – séries pour un massacre. Dans le cas contraire, il aurait dit « ils ». Le foyer de la métamorphose du docteur Jekyll en Mister Hyde se situe dans killer, subrepticement présent dans Jekyll.

Raoult s’oppose au confinement. « Toutes les situations doivent être mises en perspective. Sur quelle maladie infectieuse toute la presse s’est-elle excitée l’année dernière ? La rougeole. À la fin, il y a eu 1 000 cas avec un mort et il y avait une annonce tous les jours dans les médias. Le monde de l’information vit dans un monde parallèle au mien, celui de l’observation. » La rougeole est mise en perspective en opposition à la situation chinoise et italienne. Un parallélisme au service du relativisme. La perspective est aveugle qui ne repose sur aucune observation. La persuasion tient lieu de raisonnement. Même chose de la comparaison de la situation en France avec l’Allemagne et la Corée du Sud, afin d’opposer le dépistage massif au confinement. L’Allemagne a dépisté massivement ; elle s’est confinée et a limité la circulation des personnes aux passages des frontières. La Corée du Sud a dépisté massivement ; elle a pratiqué le traçage numérique, et a rationné la vente des masques. La France n’a pas dépisté massivement par pénurie de tests ; elle n’a pas rationné la vente des masques inexistants, de sorte qu’il ne lui restait que le confinement comme solution, sans autre association possible. Dans le cas contraire, sa faible capacité d’accueil en réanimation aurait engendré un désastre. En la matière, la France a manqué de tout, sauf de pénurie. Persister dans le refus du confinement relève d’une aberration. Hyde évoque les données brutes et l’observation, et ne fait que s’en priver.

Les gouvernants ont tardé à mettre en place la mesure préventive de confinement. Ils ne manqueront pas de se justifier en invoquant la longueur des débats contradictoires entre les scientifiques. De la difficulté à décider du meilleur. Ils n’ont eu de cesse de clamer très haut que toutes leurs décisions politiques s’appuyaient sur des conseils scientifiques. Par exemple, Macron : « Si le Conseil scientifique m’avait dit que les maintenir [les élections] mettrait la santé des Français en danger, je ne les aurais pas maintenues. » (Le Point, le 15 avril 2020 cité par Franceinfo) Même déresponsabilisation du côté de certains scientifiques, Raoult : « Il y a des gens soignés dans le monde entier, je ne me sens pas plus responsable des malades de Paris que de Corée. » Et de préciser : « Ce seront les plus intelligents qui seront le mieux soignés. » Résurrection et insurrection des morts : « Nous sommes intelligents et nous sommes innocents ! »

La grande affaire des responsabilités, à savoir qui est responsable de la gestion catastrophique de la crise sanitaire, est réglée. Les scientifiques sont responsables de leurs conseils scientifiques, non des décisions politiques. Les gouvernants sont responsables de leurs décisions politiques, non des conseils scientifiques. Tous sont responsables ; personne ne l’est. C’est la balkanisation des responsabilités. Et tant pis si dans « balkanisation » l’on entend en écho « Balkany ».

Vrai aussi, des scientifiques livrent aux décideurs des conseils politiquement attendus. Il y a une complicité entre le savant et le politique. Le mensonge étatique est consubstantiel des crises technologiques majeures, chimique et nucléaire, et sanitaires. Et ce pour diverses raisons, comme le phénomène de panique de la population. Dès lors qu’on accepte un mode d’existence risqué, on hérite du service après-vente qu’il implique.

Quelque temps avant la pandémie, les victimes de Lubrizol et de Normandie Logistique ont eu un avant goût, pour le dire ainsi, de la gestion étatique d’une catastrophe majeure. La pandémie, interlude avant Paluel ?

Le « coup par coup », attendons donc de voir ! Ce type de raisonnement, Hyde l’applique aux transformations climatiques, position explicitement climato-obscurantiste. Les climato-alarmistes n’étant que des Nostradamus. Il est piquant de noter que son exigence non fondée de preuves scientifiques adressée aux climato-alarmistes se retourne aujourd’hui contre lui, sa démarche empirique n’étant pas scientifique !

Pompier pyromane, Hyde laisse le feu s’embraser, afin d’apparaître, après coup (le coup par coup), tel le sauveur du genre humain. Il psalmodie, à l’adresse de qui veut bien l’entendre – les décideurs, et une partie de la population réconfortée –, « il ne faut pas s’exciter ». Voilà, en sa superbe, la technique du « coup par coup ».

En janvier, l’on a entendu dire : « Au cas où, on maîtrisera, c’est dans les cartons. » Cette vérité fut étouffée par la cacophonie ambiante, de grippettes en galipettes verbeuses, de j’m’en tamponne le coquillard à j’bafouille coronavirus en coranovirus (on est expert ou on ne l’est pas) etc.

Le Canard enchaîné (« Le plan qui a fini en plan », le 25 mars 2020) a dépoussiéré les cartons. Au début des années 2000, des plans ont été rédigés pour faire face à une pandémie virale. Une version en date de 2009 est livrée par le secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN). En cas d’infection « due à un virus d’origine animale », il est conseillé une « réaction rapide ». « Dès que le démarrage d’une pandémie paraît imminent, des mesures drastiques s’imposent pour freiner sa dynamique ou protéger la population, indépendamment de la présence ou non de cas confirmés sur le territoire national. » L’alerte d’un risque imminent dépend d’un « brusque signalement par des sources concordantes, quelque part dans le monde, d’une extension de grande ampleur de la maladie, avec un grand nombre de cas de syndrome grippal (supérieur à la centaine), avec suspicion d’extension rapide (forte contagiosité), avec une mortalité anormalement élevée et / ou une gravité clinique nécessitant une hospitalisation sensiblement plus fréquente que pour la grippe saisonnière. » La description colle au développement du nouveau coronavirus. Quelques mesures préventives : « contrôle aux frontières, interruption des arrivées et départs internationaux de passagers, notamment aériens, vecteurs d’importation de l’épidémie. » Réactualisé en 2011, ce plan préconise des « actions permanentes » : « préparation de stocks de masques (Santé, tous ministères, entreprises) ». Avec ça, il y avait de quoi faire et voir venir, sans chômer. Les décideurs savaient. Ils n’ont rien fait en ce sens. Ils nous ont assuré qu’ils « géraient ». Ils savaient et n’ont rien maîtrisé. Gérer n’est pas maîtriser.

L’on a salué politiquement et médiatiquement comme un « exploit » l’installation, à Mulhouse, d’un hôpital de campagne d’une capacité de « 30 lits de réanimation » ! Pour quelles raisons l’armée n’a-t-elle fait plus, il suffit de se reporter à la même livraison du Palmipède ? « Le service de santé militaire très gravement malade », de Claude Angeli, qui a aiguisé la pointe de sa baïonnette d’ordinaire acérée en scalpel : « Mais que chacun se rassure : l’État et ses actuels propriétaires (ils se conduisent comme tels) ont toujours eu le souci de leur tranquillité personnelle et de leur survie politique. À preuve, leurs commandes de grenades et de lanceurs de balles de défense (LBD) n’ont jamais cessé. Ce qui n’était pas le cas des commandes de masques ou de tests… »

En France, un peu partout, le ton monte. La vérité parle. La colère gronde.

L’on ne manquera pas d’affirmer que Raoult est humain, l’humain peut se tromper, donc Raoult peut se tromper. Outre le fait qu’il y a erreur et erreur, l’on dit aussi que se tromper est humain, persévérer est diabolique. Persévérer dans l’erreur n’est plus se tromper mais tromper autrui, c’est le mal. L’on commet une erreur involontairement. L’on commet le mal par intention. Raoult ne se trompe pas ; il trompe le monde. Ainsi, la chloroquine ne coûte presque rien, ça dérange les laboratoires pharmaceutiques. (À l’exception du laboratoire Sanofi, producteur de Plaquenil, qui pourra, à l’avenir, réactiver sa participation dans le financement de l’IHU, interrompu en 2015.) Sous silence, les compléments indispensables au traitement : l’association de l’antibiotique azithromycine à l’hydroxychloroquine, un contrôle biologique (potassium et autres) et deux électrocardiogrammes, à eux seuls, 100 euros. Pour le coût, le traitement n’est plus donné. Tricheur !

Maniant tour à tour la falsification, le mensonge, la tricherie (et autres vertus humaines), Raoult fait figure d’individu insondable. C’est Mystère Hyde !

« Dans mon monde, je suis une star mondiale ». Sortant de son monde, entrant dans le monde, c’est une tare. Il faut le confiner à perpétuité dans son laboratoire-monde ; cela ne le changera guère, il y travaille même le dimanche. Nul châtiment, mesure de prévention. Attention ! Ne pas ouvrir la porte blindée. N’en sortira pas Docteur Jekyll… en surgira… Mister Hyde !

Philippe Bouchereau, LIntranquille, le 22 avril 2020

 

Texte publié dans la Revue LIntranquille et Revue LIntranquille Facebook

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