L’ambassadrice d’Allemagne en Macédoine, Christine Althauser, soutenue par le Vice-Premier Ministre albanais de Macédoine chargé des affaires européennes, Arbër Ademi, déclare le 27 avril 2017, dans la matinée, que la crise en Macédoine, après les élections législatives du 11 décembre 2016, a trop duré et que la communauté internationale attend la formation rapide du gouvernement, mais qu’en premier lieu doit être élu le Président du Parlement. Dès 14 h, Zoran Zaev, président du SDSM ex-Parti communiste macédonien, lui fait écho, et déclare en conférence de presse qu’il utilisera tous les moyens à sa disposition, où que ce soit, s’il le faut sur les marches d’un escalier, pour élire le président du Parlement. Comme chaque soir depuis 59 jours, de 17 h à 19 h, se déroule la manifestation pacifique pour une « Macédoine commune », rassemblant sur l’ensemble de la Macédoine jusqu’à 250 000 personnes pour un électorat de 1,8 millions de citoyens. À 18h20, alors que la manifestation approche du Parlement, la coalition de Zaev et des Partis albanais choisit ce moment pour procéder à la proclamation du Président du Parlement, l’Albanais Talat Djaferi. En ne respectant pas l’ordre du jour de la session du Parlement, et après la proclamation de la clôture de la session, Zaev et sa coalition procèdent à un coup d’État constitutionnel, en violant les principes constitutionnels de la République, lesquels ont été approuvés par la Commission Robert Badinter, escomptant, qu’ainsi provoquée, la colère du peuple devant le Parlement jouerait en la défaveur de ce dernier sur les plans national et international. L’objectif est atteint avec l’occupation du Parlement par le peuple. Les condamnations sont immédiates et unanimes. À l’unisson, les Ambassadeurs des États-Unis et de l’Union européenne en Macédoine condamnent les « violences du peuple » et saluent l’élection de Djaferi, déclarant qu’ils travailleront avec lui. US-UE qualifie cet acte inconstitutionnel d’« avancée significative de la démocratie » en Macédoine. La communauté internationale, qui n’a pas condamné l’ingérence dans la politique intérieure de la Macédoine et les provocations ethniques des États de l’Albanie et du Kosovo, ni la plateforme de Tirana anti-macédonienne, condamne violemment le peuple macédonien comme « unique agresseur ». Des sanctions « exemplaires » sont exigées !
Le 11 novembre 2017, après l’arrestation de 36 personnes ayant participé à l’occupation du Parlement suite au coup d’État du 27 avril 2017, la communauté internationale n’a pas souhaité commenter ces arrestations. Un mois après, rompant l’omerta internationale, l’Ambassadeur de France en Macédoine, Christian Thimonier, déclare que les motifs de ces arrestations, à savoir « menace terroriste contre les institutions de l’État et la sécurité nationale », rebaptisés aujourd’hui pour les procès en cours « menace terroriste à l’ordre constitutionnel de la République de Macédoine », sont « exagérés et que la détention de six députés protégés par leur immunité parlementaire est un fait inconcevable en France. » Cette déclaration, il l’a renouvelée par la suite quand le reste de l’UE demeurait muette. L’Ambassadeur a déclaré aussi que la loi dite « loi sur les langues », en réalité la loi sur la langue albanaise comme seconde langue officielle de l’État macédonien, est dangereuse en ce qu’elle entraînerait des troubles interethniques. Suite au vote parlementaire de cette loi le 14 mars 2018, l’Ambassadeur réitère ses inquiétudes en précisant que la manière illégale dont a été votée la loi aura des conséquences sur les pourparlers concernant l’intégration de la Macédoine à l’UE. Le vote illégal de cette loi est de même nature que l’élection illégale du Président du Parlement le 27 avril. Mais l’Ambassadeur français ne semble pas être écouté par Paris.
L’Accord dit de Prespa du 12 juin 2018 sur le nom « Macédoine du Nord », signé par le Grec Tsipras et le Macédonien Zaev a pour objectif d’anéantir la nation macédonienne. Le changement de nom est avant tout la négation de l’identité macédonienne qui ne figure nulle part dans l’Accord en tant que telle. L’ethnie macédonienne disparaît. Le « Macédonien » devient uniquement une entité citoyenne de la « Macédoine du Nord ». Le peuple macédonien jusqu’ici peuple constitutif de la Macédoine n’existe plus. Dans l’Accord, son histoire est absente. Seule la « citoyenneté » est macédonienne : citoyen de la République de Macédoine du Nord ; il en sera ainsi sur le passeport et autres documents officiels. L’État macédonien n’est plus un État-nation, mais un simple État artificiel. L’Accord entérine la phraséologie idéologique bulgare selon laquelle l’État macédonien est « artificiel » sans nation macédonienne, les Macédoniens étant des Bulgares ; et la langue macédonienne un dialecte bulgare. L’Accord fait de la Macédoine une coquille vide facile à briser, aisément divisible. Cette propagande anti-macédonienne est unanimement défendue par l’Académie des sciences de Bulgarie et autres organismes idéologiques de l’État bulgare. L’un des chantres de la grande Bulgarie, Bozhidar Dimitrov, directeur du Musée national de l’histoire bulgare, déclare à la télévision nationale bulgare, le 14 février 2015, que l’« Ukraine est un pays fictif, tout comme la Macédoine. » La « Macédoine russe c’est l’Ukraine. » « Les frontières de l’Ukraine sont fictives comme celles de la Macédoine. » « Fausses nations qui n’ont jamais existé, il convient de réparer à un moment donné. » Le même redessine la carte des Balkans, la Macédoine de l’ouest aux Albanais, celle de l’est à la Bulgarie. Le travail idéologique et les pressions politiques finissent par payer. Ainsi une résolution du Parlement européen votée le 15 février 2017 « insiste sur le fait que davantage d’efforts sont nécessaires pour protéger les droits de toutes les minorités en Albanie par la mise en œuvre intégrale de la législation en la matière ; demande que les droits des personnes d’ethnie bulgare résidant dans les régions de Prespa, Golo Brdo et Gora soient garantis dans les textes et en pratique (…) ». Cette résolution n’aurait rien de condamnable s’il s’agissait de défendre les droits des Bulgares, comme ceux de toutes les autres minorités dans l’État albanais. Mais les minorités reconnues en Albanie sont : Les Grecs, les Valaques, les Roms et les Macédoniens. Cette résolution permet d’introduire une minorité bulgare en réalité inexistante, et transforme les Macédoniens en Bulgares. Si l’on peut à partir d’une simple écriture bureaucratique bulgariser les Macédoniens d’Albanie, à quand la bulgarisation des Macédoniens de Macédoine ? Les Macédoniens auraient le « même code génétique » que les Bulgares. Selon Grigor Velev, Président de l’Académie des sciences de Bulgarie, porte-parole de cette Académie, les Macédoniens sont génétiquement bulgares : « 7.500.000 Bulgares, 1.100.000 Bulgares du Vardar [Macédoniens de Macédoine] et 250.000 Bulgares de l’Égée [Macédoniens de Grèce] ont un code génétique commun. » Cette génétique identitaire, forme d’eugénisme, est contredite par l’anthropogénétique qui observe scientifiquement des mélanges et non pas une prétendue identité génétique dont la seule fin est de nier la diversité culturelle et, partant, la différence irréductible entre Macédoniens et Bulgares. Ça tombe bien, l’épidémie d’eugénisme identitaire de la grande Bulgarie s’étend quand le virus de la peste brune fait son retour dans la « grande Europe démocratique » !
L’effacement de l’identité macédonienne exprime la volonté ethnocidaire de la Grèce soutenue par les Puissances US-UE. Le traité-traitre de Prespa est un crime contre l’humanité. Ce dont se félicite le gouvernement français, au nom de la France naturellement, laquelle France ignore tout des intentions et agissements de son gouvernement, du chef de l’État Emmanuel Macron, et au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de Jean-Yves Le Drian et Nathalie Loiseau. La seule raison au soutien de la Grèce relève de la raison d’État du gouvernement français à l’unisson avec la raison d’État internationale. « La France salue l’annonce, le 12 juin 2018, par les Premiers ministres Alexis Tsipras et Zoran Zaev, d’un accord sur la question de la dénomination de l’Ancienne république yougoslave de Macédoine. Il s’agit d’un développement majeur, dont l’aboutissement bénéficiera aux deux pays, en permettant le développement de leurs relations dans de nombreux domaines, en favorisant le renforcement de la stabilité dans la région des Balkans et pour l’Europe dans son ensemble. La France, qui entretient des relations d’amitié étroites avec la Grèce et l’Ancienne République yougoslave de Macédoine et les a soutenues tout au long des négociations qui viennent d’aboutir, appelle toutes les parties prenantes dans les deux pays à soutenir cet accord en vue de sa pleine mise en œuvre. » (France Diplomatie, « Accord sur la question de la dénomination de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine » (12 juin 2018).
L’Accord de Prespa sur le « nom » est contraire à la Charte des Nations Unies. Selon la Charte, les objectifs de l’ONU doivent développer des relations amicales entre les nations fondées sur le principe du respect de l’égalité des droits. L’Organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses Membres et de leur droit à disposer d’eux-mêmes. Donc, contrairement à la Charte onusienne, de quel droit la République hellénique interfère-t-elle dans les affaires d’un État souverain et exige-t-elle les changements de la constitution et du nom constitutionnel de l’État macédonien et impose-t-elle la ruine de l’identité macédonienne ?
L’Accord est contraire à la Résolution 817 du 7 avril 1993. Par une décision de l’Assemblée générale des Nations Unies de 1993, la République de Macédoine a été admise en tant que membre à part entière de la famille des nations. Selon la résolution, dans le strict cadre des Nations Unies (« à toutes fins utiles à l’Organisation »), la République de Macédoine portera l’appellation « l’ex-République yougoslave de Macédoine », jusqu’à ce que le différent avec la République hellénique sur le « nom » soit surmonté. La résolution de surmonter le différent en rapport avec le nom de l’État macédonien n’implique pas de changer la constitution, le nom de l’État, n’implique pas la suppression de la nation macédonienne et l’identité macédonienne. Avec cet Accord, et en violation de la Résolution 817, ce qui était « à toutes fins utiles à l’Organisation » et ne concernait que « deux parties », la Grèce et la Macédoine, devient erga omnes, c’est-à-dire « à l’égard de tous », valable pour tous les États membres de l’ONU.
Nikos Kotzias, ministre des Affaires étrangères de la République hellénique, en présence de Jean-Yves Le Drian, énonce le sens véridique de l’Accord qui ne porte pas sur un nom mais sur une appellation. « Nous avons discuté des questions ayant trait à l’Europe. Les propositions du Président Macron sont bien connues. Nous avons discuté des questions relatives à la défense et à la sécurité européenne, des questions portant sur les Balkans occidentaux ainsi que de l’accord de Prespès [Prespa]. Un accord qui est le fruit du dialogue et de “la culture du consensus”. C’est un accord attestant de la responsabilité dont nous faisons preuve à l’égard de la région et à l’égard de son avenir. Un accord qui a réussi à aboutir à une appellation, qui de plus est une appellation erga omnes. Celle-là, d’après le procès-verbal des négociations tenues au cours de la période 2007-2008, avait été proposée par la ministre des Affaires étrangères de l’époque de la Nouvelle Démocratie sans avoir pu aboutir. Proposition qui ne portait pas par ailleurs sur une appellation erga omnes. » (Déclarations conjointes de N. Kotzias, ministre des Affaires étrangères de la Grèce, et Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la France, à l’issue de leur rencontre, Athènes, 6 septembre 2018, République Hellénique, Ministère des Affaires étrangères, version trilingue : grec, anglais et français)
Ainsi passe-t-on d’un nom « République de Macédoine » a une appellation provisoire onusienne « The ARYM » qui devient un pseudo-nom « République de Macédoine du Nord » en vérité une appellation définitive. La froide yoyoisation étatique des appellations est la négation du nom. Raison pour laquelle un grand nombre de Macédoniens clament à la face du monde leur refus radical d’être des « sans nom ».
L’accord avec la Grèce se situe au niveau de l’Accord intérimaire du 13 septembre 1995. En vertu de l’article premier de l’accord intérimaire, la première partie [Grèce] reconnaît la deuxième partie [Macédoine] en tant qu’État indépendant et souverain, sous réserve d’une référence temporaire. Chaque Partie s’engage à respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de l’autre Partie. À l’article 11 de l’Accord, la Première Partie [Grèce] convient de ne pas s’opposer à l’adhésion ou à la pleine adhésion de la Deuxième Partie [Macédoine] aux organisations et institutions internationales, multilatérales et régionales auxquelles la Première Partie est membre, sous référence provisoire. Pourtant, la République hellénique s’oppose depuis plus de deux décennies à l’adhésion de la Macédoine aux organisations et institutions internationales, multilatérales et régionales. En 2008, la République de Macédoine aurait pu intégrer l’Otan mais la République hellénique a opposé son veto. Le jugement de la Cour internationale de justice de La Haye a confirmé que la Grèce empêchait injustement la Macédoine d’adhérer aux organisations internationales et l’a condamnée. Ce jugement n’est ni respecté ni appliqué. L’US-UE ne cesse de prétendre parler au nom du droit et le viole impunément. Le gouvernement français est en première ligne pour faire la leçon de l’État de droit et passe sous silence les exigences du droit international en tenant pour nul et non avenu le jugement de la plus haute cour de justice internationale. Le droit est du côté macédonien, de l’autre côté est la force. Le droit du plus fort est celui des grandes puissances US-UE contre la Macédoine et le droit international violé.
L’article 49 de la Constitution macédonienne énonce : « La République veille à la situation et aux droits des citoyens des pays voisins d’origine macédonienne et des expatriés macédoniens, aide leur développement culturel et se charge de la promotion des rapports avec eux. La République veille aux droits culturels, économiques et sociaux des citoyens de la République à l’étranger. » Cet article est supprimé de l’Accord de Prespa. Les Macédoniens qui n’ont déjà pas le droit de se dire Macédoniens en Grèce n’auront plus aucun recours devant les juridictions internationales. Leur identité sera définitivement rayée de la carte grecque. C’est là un ethnocide au moyen du droit salué par les Puissances européennes, notamment l’axe franco-allemand.
L’Accord sanctifie la liquidation par la Grèce des Macédoniens lors de la Seconde guerre balkanique (conquête territoriale de 51 % de la Macédoine aujourd’hui dite « Macédoine du nord de la Grèce ») et de la « guerre civile grecque de 1946-1949 ». Ces crimes contre l’humanité imprescriptibles, de nature ethnocidaire voire génocidaire, n’ont jamais été reconnus par la Grèce qui exige aujourd’hui avec l’Accord qu’ils soient jugés comme légitimes et légalisés par une reconnaissance juridique internationale. Les crimes contre l’humanité ne sont pas niés en tant que tels, ils sont considérés de jure, et ce au nom de la Grande Idée, de la Nouvelle Grèce : la « pureté de la race grecque ». Saluer l’accord de Prespa comme un « développement majeur » est un propos criminel puisqu’il reconnaît en droit les crimes, fait du crime contre l’humanité un droit. Le problème pour l’US-UE c’est la Macédoine, quand au contraire le problème c’est la Grèce raciste qui refuse de reconnaitre les minorités ethniques de Grèce et s’avoue franchement antisémite à 65 % au nom de la Nouvelle Grèce, État-nation « racialement pure » fondé sur le crime contre l’humanité (concernant le racisme étatiquement et socialement intégré en Grèce voir les rapports européens de l’ECRI, stupéfiant !). Dans un tel contexte social et historique fermé, il s’impose de saluer avec grande force la résistance des Grecs qui s’opposent à un tel état de fait, anarchistes, antifascistes, associations des droits de l’humain.
D’aucuns ne manqueront pas de dire que tout ceci est du passé, qu’il faut oublier. C’est oublier que ces pages de l’histoire sont imprescriptibles dans la mémoire historique. On ne peut pas et on ne doit pas tourner ces funèbres pages de l’histoire, ou bien pour les lire et les relire.
L’Accord énonce : « La nationalité de la deuxième partie sera Macédonien / citoyen de la République de Macédoine du Nord (…) » L’ambiguïté volontaire du slash « / » entretient la confusion qui réduit la nationalité à la citoyenneté. Ce simple petit trait en biais biaise la macédonité, efface de la carte du monde ce petit peuple balkanique, ce « peuple en trop ». Angela Merkel s’est déplacée en Macédoine le 08 septembre 2018, jour du 27e anniversaire de l’indépendance de la Macédoine, pour bien montrer à l’Europe que l’Allemagne tient les cartes en main en Macédoine, et imposer le diktat référendaire du 30 septembre 2018 concernant l’approbation du pseudo-nom de « Macédoine du Nord ». Le message est clair, si les Macédoniens refusent d’aller voter pour le « slash » ils subiront la schlague : pas d’Accord, alors pas d’Otan ni d’UE.
L’appellation provisoire FYROM / ARYM. L’éclatement de la Yougoslavie a donné naissance à la République de Macédoine indépendante, après le référendum du 8 septembre 1991. La Bulgarie reconnut l’État macédonien mais pas la nation, ni la langue. La Grèce, malgré l’avis favorable de la Commission d’arbitrage Badinter sur le respect des conditions mises à sa reconnaissance, fit pression pour empêcher sa reconnaissance et son adhésion à l’ONU. Un accord conclu entre les deux parties (résolution 817, 7 avril 1993) stipulait l’utilisation d’une appellation provisoire au seul usage des Nations Unions : « L’ex[ou ancienne]-République yougoslave de Macédoine ». L’appellation a ensuite été abusivement adoptée par d’autres organisations internationales, notamment le Conseil de l’Europe, l’Union européenne et l’OSCE.
Cette appellation n’est pas un nom. La version française de la résolution 817 n’est pas conforme au texte original de la résolution lorsqu’elle désigne cette « appellation » par « nom » : « désignée provisoirement à toutes fins utiles à l’Organisation, sous le nom d’“ex-République yougoslave de Macédoine”. » Dans l’appellation anglaise « the Former Yugoslav Republic of Macedonia », l’article initial est utilisé afin de préciser la nature non nominative de l’appellation. Aussi la résolution devrait-elle être formulée en sa version française dans les termes suivants : « désignée provisoirement, à toutes fins utiles à l’Organisation, sous l’appellation de “l’ex-République yougoslave de Macédoine’’. » Par conséquent, l’adoption de cette appellation provisoire par les organisations européennes et internationales n’est fondée sur aucun texte de loi. Cet usage abusif et illégal peut être légitimement contesté par la République de Macédoine.
« “L’ex-République yougoslave de Macédoine” n’est pas un nom. C’est une désignation provisoire créée en 1993 à l’usage spécifique des Nations Unies, dans l’attente d’un règlement du différend qui a surgi en raison du nom constitutionnel de “République de Macédoine” que ce pays s’est choisi lorsqu’il est devenu indépendant. Cette désignation provisoire, initialement prévue à l’usage des Nations Unies, a ensuite été adoptée par d’autres organisations internationales, notamment le Conseil de l’Europe, l’Union européenne et l’OSCE. Ce différent oppose “l’ex-République yougoslave de Macédoine’’ à la Grèce. À ma connaissance, c’est la première fois dans l’histoire que le choix d’un nom a créé un différend bilatéral. Les seuls exemples en Europe qui me viennent à l’esprit susceptibles d’avoir pu créer une situation similaire sont celui du Luxembourg, qui est à la fois le nom d’un État souverain et le nom d’une province de Belgique et celui de la Moldova, qui est à la fois un État souverain et une région de la Roumanie. Les similitudes s’arrêtent cependant là, car, pour autant que je sache, il n’y a pas de rivalité politique quant à l’utilisation de ces noms. » Rapport de M. Pedro AGRAMUNT, Espagne, Groupe du Parti populaire européen, Doc. 11524, 8 février 2008, Utilisation de la désignation provisoire « l’ex-République yougoslave de Macédoine » auprès du Conseil de l’Europe, Rapport d’information Commission des questions politiques.
Malgré ce fait sans précédent historique et juridique, le rapporteur auteur de ces propos conclura son rapport contradictoirement en faveur de la Grèce au nom de la Raison d’État internationale !
L’appellation n’a été créée juridiquement « qu’à toutes fins utiles de l’ONU ». C’est une violation de la résolution 817 du 7 avril 1993 que de ne pas reconnaître le nom constitutionnel de la Macédoine. Le rôle joué par la France dans l’acceptation du véto grec s’oppose à l’avis favorable de la commission Badinter sur l’intégration de la Macédoine dans l’Europe. Une politique française qui a changé en fonction des gouvernements. Après une reconnaissance de la Macédoine sous son nom constitutionnel, l’État français a décidé de faire de l’appellation un nom : ARYM ou ERYM.
Ainsi, en 1995 le Sénat français utilise le nom de « République de Macédoine ». Dans son adresse publique du 1er mars 2001 au Président de la République de Macédoine Boris Trajkovski, Jacques Chirac utilise le nom « République de Macédoine » ou « Macédoine ». Or, le chapeau des « discours dans l’actualité », non daté, mais postérieur, utilise « Ancienne République de Macédoine » pour présenter le discours de Chirac (voir la Direction de l’information légale et administrative – DILA, République française, Premier Ministre). Il s’agit, à l’évidence, d’une réécriture falsificatrice de l’histoire française orchestrée par la raison d’État contre la France. Dans sa lettre de condoléance adressée au Président de la République de Macédoine Ljubco Jordanovski du 26 février 2004, suite à la mort de Boris Trajkovski, Chirac utilise toujours le nom « République de Macédoine », « Macédoine » et le « peuple de Macédoine ». Le tournant diplomatique français est effectif sous le pouvoir de Nicolas Sarkozy. Le 6 juin 2008, lors d’un voyage officiel en Grèce, Sarkozy déclarait honteusement : « Si Skopje – et c’est notre souhait – veut rejoindre l’OTAN, veut rejoindre l’Union européenne, elle doit faire un minimum d’effort. Effort sur le plan démocratique, effort sur le plan de la modernisation et effort de dialogue sur la question du « nom » et de la dénomination. Je redis que la diplomatie française sera solidaire de la démocratie grecque sur ce point là, comme sur bien d’autres d’ailleurs. » Le 25 juillet 2013, lors d’un voyage officiel en Slovénie, François Hollande déclare en violation du droit international : « Il ne m’appartient pas de trouver un nom pour l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine, mais si la France qui a de si bonnes relations avec la Grèce peut jouer un rôle pour favoriser ce dialogue, nous y sommes tout à fait prêt. Je ne me permettrai pas de m’instaurer médiateur alors même que je n’en ai pas eu la responsabilité de la part des pays considérés. » (DILA) Le « dialogue à favoriser » favorise la Grèce en faisant pression sur la Macédoine. Il faut dire explicitement que la Grèce viole le droit international avec ses exigences criminelles, son intention ethnocidaire.
Le 4 septembre 2018, Le Drian affirme que l’Accord de Prespa n’est pas un critère formel d’adhésion à l’UE, rejoignant ainsi la position d’un grand nombre de Macédoniens qui refusent de participer au référendum sur le nom le 30 septembre 2018, mais il déclare soutenir l’Accord comme un développement significatif : « Si elle n’est pas un critère formel du processus d’élargissement, la conclusion en juin d’un accord sur le nom entre la Macédoine et la Grèce constitue un développement majeur pour la région. » (Union européenne – Pays des Balkans occidentaux – réponse de M. Jean-Yves Le Drian, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, à une question écrite à l’Assemblée nationale (Paris, 04/09/2018).) Le gouvernement français soutient la volonté ethnocidaire grecque.
Enfin, le 22 septembre 2018, par vidéo, Macron s’est adressé aux Macédoniens afin de soutenir l’Accord pour la dénomination de « République de Macédoine du Nord », en nommant la Grèce sans nommer la Macédoine. La dénomination « République de Macédoine du Nord » est la dé-nomination de la Macédoine. Il appelle à voter « oui » au référendum le 30 septembre prochain : « Je voudrais m’engager (…) Je le soutiens pleinement, fortement (…) Je m’engage fortement pour le ‘‘oui.’’ » Rideau !
Parlementaires, nous Macédoniennes et Macédoniens de France, citoyennes et citoyens français nous vous demandons de tout faire pour la libération des 6 députés et autres prisonniers politiques injustement emprisonnés ; de considérer illégale l’élection du Président du Parlement ; d’exiger du gouvernement français qu’il cesse de déstabiliser la Macédoine par une ingérence dans ses affaires intérieures, et qu’il reconnaisse de nouveau, comme il se doit, la Macédoine sous son nom constitutionnel de « République de Macédoine » conformément au droit international et comme l’ont fait à l’ONU 137 États sur 193 !
Le 22 septembre 2018
Signatures
Associations Macédoniennes de France :
Blaze Koneski, Mantes la Jolie, Présidente Suzana Surlovski
Ilinden 1903, Canteleu, Président Smile Petrovski
Melodija, Argenteuil, Président Slave Risteski
Pelister, Montreuil, Président Zlatko Nikolovski
Treska, Paris 20e arrondissement, Président Radovan Todorovski