LA MACÉDOINE : UN PAYS EN DANGER
(Distribué à la manifestation du 27 janvier 2018 à Paris)
La Macédoine est contestée dans son existence sur quatre fronts. Par l’Albanie à l’ouest, la Bulgarie à l’est, la Grèce au sud, au centre d’elle-même par les grandes Puissances, l’Amérique et l’Europe, qui gouvernent la Macédoine sous tutelle.
La grande Albanie en marche composée de l’Albanie et du Kosovo revendique la partie ouest de la Macédoine. Rappelons que le camp Bondsteel, la plus grande base militaire américaine hors Amérique, est installé au Kosovo qui revendique 17 % du territoire du Monténégro. La grande Albanie revendique également une partie du sud de la Serbie. Elle garde un œil bien ouvert de convoitise sur le nord de la Grèce composé d’une forte population albanaise. Voilà une bonne raison pour la Grèce de rester dans l’Europe garantissant le tracé des frontières. Espérons pour elle que cette Europe existe durablement. Toutes les bonnes choses ont une fin. Mais d’autres réjouissances l’attendent !
Les Partis politiques albanais de Macédoine exigent que la langue albanaise soit seconde langue officielle de L’État, afin de créer un État binational figurant à terme le partage de la Macédoine. Alors que les Albanais sont moins de 20 % de la population, et que leurs droits en tant que partie de peuple constitutif sont exercés comme nulle part ailleurs dans le monde pour une minorité, il leur faut toujours plus. Et ce contre les autres parties de peuples constitutives : Bosnien, Juif, Rrom, Serbe, Turc, Ukrainien, Valaque, etc. De son côté la Bulgarie espère obtenir sa part du gâteau. Elle affirme idéologiquement, au nom de la grande Bulgarie, que les Macédoniens sont Bulgares. La langue macédonienne ne serait qu’un dialecte bulgare, ce que dément la raison scientifique qui affirme : « Les créateurs de la langue écrite, Cyrille et Méthode, étaient de Salonique ; l’école de saint Clément travaillait en Macédoine occidentale, autour d’Ohrid : le vieux slave est d’abord du vieux macédonien. »
La grande Grèce, la Nouvelle Grèce, s’est imposée durant la Seconde Guerre balkanique de 1913. Elle s’est appropriée par le feu et le sang, ruinant jusque dans les cendres toutes traces de la présence multiséculaire de la macédonité, ce qu’elle revendique aujourd’hui comme étant la Macédoine, c’est-à-dire le nord de la Grèce. Le 10 août 1913, suite à la signature du Traité de paix de Bucarest, la Macédoine est partagée en quatre parties : l’une revenant à la Grèce (51,38%) appelée Macédoine de l’Égée, une autre à la Bulgarie appelée : Macédoine du Pirin ou de la Struma (10,1%), une autre partie à la Serbie : appelée Macédoine du Vardar (38,4%, qui donnera après 1944 l’actuelle République de Macédoine) et une autre partie à l’Albanie (0,12%).
Depuis près de trente ans, l’État grec soutenu massivement par la société civile : l’Église orthodoxe, les intellectuels, les médias, les citoyens, bref la « race mentale grecque », bloque par son véto sur le nom de la Macédoine l’entrée de celle-ci dans l’UE et dans l’OTAN. La Grèce, considérée par la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance comme le pays le plus raciste d’Europe, qui ne reconnaît pas les minorités ethniques et a des attitudes antisémites, est soutenue par les États européens, notamment l’axe franco-allemand, concernant sa prétendue légitimité sur le nom « Macédoine », légitimant ainsi le crime contre l’humanité, l’ethnocide, dont les Macédoniens ont été les victimes.
« Les stéréotypes antisémites ne sont pas l’apanage des seuls partis politiques d’extrême droite ; ils se sont aussi insinués dans des pans entiers de la société et certaines franges de l’église orthodoxe grecque. Le métropolite Séraphin du Pirée a tenu des propos ouvertement antisémites à la télévision en décembre 2010, accusant les juifs d’avoir orchestré l’Holocauste et le sionisme international de conspirer pour asservir la Grèce et l’Église orthodoxe. Dans un récent sondage réalisé à l’échelle mondiale, la Ligue anti-diffamation a révélé que la Grèce présentait l’indice le plus élevé (69%) d’attitudes antisémites si l’on exclut le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Ces positions se sont également illustrées sous la forme d’actes de vandalisme visant le Mémorial de l’Holocauste de Rhodes en octobre 2012, qui avait déjà été vandalisé à plusieurs reprises par le passé et la profanation de la synagogue locale en mai 2010. » (ECRI 2014)
Durant la Seconde Guerre balkanique, les Macédoniens ont subi un double ethnocide, comme le reconnaissent des historiens grecs, perpétrés par les Bulgares et les Grecs, pour le partage de la Macédoine. L’anéantissement des Macédoniens continue aujourd’hui, diplomatiquement, silencieusement cette fois, pour le moment. L’État français participe activement, comme de coutume !
L’État français, « Au nom de la France », participe effectivement à la liquidation de la République de Macédoine. Les citoyennes et citoyens français n’en savent rien. On ne leur dit rien du crime contre l’humanité, l’ethnocide, que leur prétendu État de droit, au nom de la raison d’État, est en train de commettre. Et quand l’État parle, il ment. Ainsi au lendemain du coup d’État du 27 avril 2017, orchestré par les Puissances US-UE (sans ces Puissances le coup d’État était irréalisable), le ministère des Affaires étrangères se félicitait des avancées démocratiques de la Macédoine ! De même, il se félicite des négociations sur le nom « Macédoine » bafouant ainsi le droit international qui affirme qu’aucun État n’a le droit de s’immiscer dans les affaires intérieures d’un autre État. C’est donc aux seuls Macédoniens de décider quel doit être le nom constitutionnel de leur pays. Si les Macédoniens veulent garder leur nom, et ils le veulent, qu’ils le gardent ! Si demain ils devaient changer de nom c’est qu’on leur aura mis de nouveau la baïonnette de 1913 sous la gorge.
Les affaires politiques intérieures de la Macédoine n’intéressent que ceux qui vivent en Macédoine. En revanche, le bilinguisme albano-macédonien, le changement de nom de la Macédoine, la négation de l’identité d’un peuple, sa langue, sa culture, son histoire singulière, relèvent d’une affaire internationale. C’est donc l’affaire des Européens. C’est donc l’affaire des Français. Un peuple est en cours de liquidation, en voie de disparition.
Ce jour, 27 janvier, le monde commémore l’anéantissement des Juifs, « libération du camp d’Auschwitz-Birkenau ». En mémoire des Juifs macédoniens déportés par L’État bulgare pronazi qui occupait alors la Macédoine, en mars 2011, un Centre commémoratif pour les victimes du génocide a été ouvert à Skopje. En mars 1943, 7144 personnes, 98% des Juifs de Macédoine, étaient rassemblées dans le centre de Skopje, la plupart de Bitola, Štip et Skopje et déportées au camp de Treblinka où elles furent anéanties. Selon les données de la communauté juive de Macédoine seuls 200 Juifs vivent aujourd’hui en Macédoine.
Nous refusons que la Macédoine soit sacrifiée sur l’autel des intérêts géostratégiques des Puissances. Nous refusons que nos habitations soient chauffées, demain, avec du gaz américano-européen qui pue le crime contre l’humanité.
La Macédoine est une Zone À Défendre internationale. Soyons zadistes !
Le 27.01.2018
Comité français de soutien à la Macédoine unie
Pamphlet rédigé par la revue L’Intranquille, en ligne, gratuite, et qui respecte l’anonymat du lecteur : revuelintranquille.fr