Macédoine Situation

Macédoine – Situation 8. Le 30 mars 2017

Mensonge et négationnisme d’État

Par Philippe Bouchereau

 

L’Intranquille publie, traduit du macédonien, le texte intégral de la plateforme albanaise dite de Tirana (Albanie).

La plateforme a été établie par les deux États albanais d’Albanie et du Kosovo et les trois Partis albanais de Macédoine, DUI, Alliances pour les Albanais, Besa, et rendue publique le 7 janvier 2017 à Tirana, jour du Noël orthodoxe.

Cette publication ne saurait se faire sans, au préalable, quelques remarques critiques.

Tout d’abord, l’on prendra note de l’exigence d’instituer anticonstitutionnellement la langue albanaise comme langue binationale. L’allégation albanaise, notamment du Premier ministre albanais d’Albanie, Rama, selon laquelle cette langue doit figurer à côté de la langue macédonienne dans la Constitution de la République de Macédoine parce que les Albanais sont « peuple constitutif de la République de Macédoine » est un mensonge d’État, lequel est inscrit dans la plateforme : la « Constitution de la République de Macédoine où les Albanais sont considérés comme une nation constitutive ». Faux ! En Macédoine, la population albanaise est « partie de peuple constitutif » et non pas « peuple constitutif ».

Ensuite, affirmer que les Albanais sont peu nombreux au sein des institutions macédoniennes est encore un mensonge dont le but est de faire croire qu’ils sont victimes de discrimination. Toutes les revendications de la plateforme, propres à une « partie de peuple constitutif », sont déjà inscrites dans la réalité sociale et politique macédonienne, depuis l’Accord-cadre d’Ohrid de 2001.

Enfin, les signataires de la plateforme affirment sans vergogne que les Albanais ont été les victimes d’un génocide perpétré par les Macédoniens entre 1912 et 1956. Faux ! Les Albanais n’ont jamais été les victimes d’un génocide. L’usage délirant du concept de génocide est une instrumentalisation idéologique à des fins politiques et ethnocidaires. L’on observe aisément le renversement du sens de la réalité historique en une pure idée déréalisante : le projet d’ethnocide des Macédoniens et des « parties de peuples constitutifs », Roms, Serbes, Turcs, Valaques et les autres, en vue de la réalisation de la logique de l’idée de la Grande Albanie. Cette intention criminelle visant l’anéantissement du peuple macédonien et des parties de peuples est un crime contre l’humanité parce qu’elle porte atteinte à l’humanité.

Le propos fallacieux d’un crime de génocide anti-albanais, scandaleux et honteux, relève d’une déraison idéologique. Scandaleux parce qu’il fait des Albanais, de manière purement imaginaire, les victimes du plus grave des crimes contre l’humanité et accuse publiquement les Macédoniens d’être des génocideurs et par là nie la réalité historique macédonienne. Honteux parce qu’il efface la réalité historique des réelles victimes des génocides. Les réelles victimes disparaissent idéologiquement, en fumée. Cette banalisation albanaise des vrais génocides au service d’une albanisation étatique de la Macédoine et la fausse accusation publique relèvent du négationnisme. Une autre forme de négationnisme que celui connu, efficace pour enfumer l’opinion publique internationale. Le négationnisme, en son sens premier, est la négation idéologique d’un crime de génocide réel. Le négationnisme albanais est un négationnisme inversé en lequel un faux génocide est idéologiquement promu contre les faits réels de la réalité historique. Le négationnisme affirme qu’un génocide qui a eu lieu n’a pas eu lieu, et ce dans un but malveillant. Le négationnisme inversé affirme qu’un génocide qui n’a pas eu lieu a eu lieu, et ce dans un but malveillant. Le négationnisme sous toutes ses formes est une nuisance intellectuelle non recyclable, directement ou indirectement toujours au service d’une logique étatique hostile et belliqueuse.

La plateforme énonce : « Faire adopter par l’Assemblée de la République de Macédoine une résolution qui condamnera le génocide perpétré sur le peuple albanais en Macédoine dans la période 1912-1956. » Les Macédoniens ont vivement protesté. Des représentants politiques albanais ont affirmé, après coup, qu’il s’agissait d’un malentendu. Ceux qui ont perpétré le crime de génocide anti-albanais en Macédoine « sont les Serbes », ont-ils dit. Vive protestation des Serbes !

Cette déraison idéologique a été construite à Tirana, par trois partis politiques albanais représentés au parlement macédonien par 18 députés et les deux États albanais d’Albanie et du Kosovo. Il s’agit là d’instances étatiques. Donc, le négationnisme albanais est un négationnisme d’État. Ce négationnisme d’État antimacédonien est soutenu par le SDSM qui s’accorde avec la plateforme et prétend représenter dignement la République de Macédoine, avec l’appui inconditionnel de l’Union des États d’Amérique et des États de l’Union Européenne ! Ce négationnisme participe de la violence ethnocidaire antimacédonienne exercée aujourd’hui en Macédoine par les tenants étatiques du projet d’une Grande Albanie.

En Europe, s’ajoute à cela un discours mensonger concernant un prétendu nationalisme macédonien anti-albanais. La France tient bien sa place dans ce concert de la désinformation. Elle qui a coutume de soutenir les ismes ; comme l’uckisme albanais, il n’y a pas si longtemps encore. Ainsi, certains journalistes et intellectuels s’acharnent à faire de l’Initiative citoyenne « Pour une Macédoine unie » un mouvement nationaliste anti-albanais quand c’est l’inverse qui est vrai : le nationalisme Grand Albanais a pour objectif la destruction de la République de Macédoine. Il faut refuser cette désinformation qui pousse au conflit, les nationalistes des partis politiques albanais se sachant soutenus par l’opinion publique française intoxiquée. L’idée, élevée à un principe, selon laquelle une minorité a nécessairement raison, c’est-à-dire est légitime dans ses revendications, parce qu’elle est une minorité, est une tartufferie qui serait fort risible n’était la gravité de la situation en Macédoine ! Le nationalisme Grand Albanais, unique nationalisme dominant à l’œuvre en Macédoine et source de déstabilisation de la République, doit être condamné sans appel !

Le 29 mars 2017


 

 

PLATEFORME

 

  1. Obtenir une égalité de droits totale conformément à l’accord d’Ohrid et à la Constitution
  • Faire appliquer correctement le principe de multiethnicité dans la Constitution de la République de Macédoine, où les Albanais sont considérés comme une nation constitutive, soutenir toute initiative juridique ou constitutionnelle qui renforcerait l’égalité nationale de la population albanaise.
  • Parvenir à une égalité linguistique totale, à l’utilisation de la langue albanaise à tous les niveaux des pouvoirs publics et à la garantie que son utilisation sera un droit fondamental et constitutionnel. La Constitution de la République de Macédoine doit stipuler que « la langue macédonienne et son alphabet cyrillique et la langue albanaise et son alphabet sont les langues officielles de la République de Macédoine ».
  • Organiser un débat exhaustif concernant le drapeau, l’hymne et le blason de la République de Macédoine afin que les symboles nationaux reflètent la multiethnicité de la société et l’égalité entre les ethnies.
  • Faire adopter par l’Assemblée de la République de Macédoine une résolution qui condamnera le génocide perpétré sur le peuple albanais en Macédoine dans la période 1912-1956.
  1. Parvenir à l’égalité économique et au bien-être social, notamment à travers un développement régional équilibré
  • Création d’un nouveau mécanisme de prise de décisions, sous forme d’une Commission nationale de financement des municipalités, qui aurait droit à des aides gouvernementales en faveur des communes.
  • Création d’un Ministère du système politique et des relations entre les communautés comme organe compétent pour le respect des droits des communautés et du soutien du développement économique et social dans les régions sous-développées.
  • Création d’une représentation équitable dans les forces de l’ordre, dans l’armée, dans les services de renseignement et dans les juridictions.
  • Création d’une représentation équitable à tous les niveaux du pouvoir central ainsi que dans les institutions de la fonction publique et dans les entreprises où l’État est actionnaire.
  1. Renforcer l’État de droit comme prérequis du progrès du processus de l’intégration euro-atlantique
  • Réalisation des réformes prévues par l’accord de Skopje, par les recommandations de Priebe, par les recommandations urgentes de la Commission européenne ainsi que par les recommandations des négociations de pré-adhésion à haut niveau avec l’UE.
  • Soutien de l’impartialité du travail du Procureur Spécial, sans aucun préjugé ethnique ou politique.
  • Instruction complète des questions et des affaires juridiques comme « Sopot », « Brodec », « Monstrum » et « Kumanovo » par le biais d’une commission d’enquête ou d’un organisme international indépendant.
  1. Créer une ambiance de confiance au service des bonnes relations interethniques en tant qu’élément fondamental de la stabilité politique du pays
  • Prise de mesures efficaces de financement des institutions albanaises culturelles aux niveaux central et local.
  • Création d’une institution centrale d’affirmation des langues des communautés, qui se chargerait de la formation de traducteurs, d’éditeurs et d’enseignants.
  1. Résoudre le problème du nom[i], en conformité avec les valeurs européennes et les principes du droit international
  • Adoption d’une résolution commune et contraignante par l’Assemblée de la République de Macédoine, par laquelle le gouvernement de la République de Macédoine sera tenu de participer de façon active à la recherche d’une solution au problème du nom.
  • Intégration des Albanais dans le groupe de travail sur les négociations directes avec la Grèce.
  1. Entretenir de bonnes relations avec les pays voisins
  • Intégration des Albanais dans le groupe de travail sur les négociations directes avec la Bulgarie.
  • Coopération avec le Kosovo et avec l’Albanie sur la gestion intégrée des frontières.
  • Ouverture de nouveaux postes frontaliers.
  1. S’intégrer rapidement à l’OTAN et à l’Union européenne
  • La réalisation des points susdits débloquera la route de la Macédoine vers son intégration complète à l’OTAN et vers l’ouverture des négociations d’adhésion dans l’Union européenne.

Le suivi de la réalisation de ces objectifs sera assuré par l’organisation d’une table ronde des partis politiques albanais qui se tiendra selon le principe d’une présidence tournante. Elle servira de plateforme de coordination de l’action politique et de la communication transparente avec les partenaires internationaux de la Macédoine et cherchera notamment le soutien de l’Union européenne et des institutions internationales.

La table ronde fixera des délais de réalisation des objectifs susdits selon les lois et la Constitution de la République de Macédoine.

 

[i] Note du traducteur: Il s’agit du problème de la non-reconnaissance par la Grèce du « nom » de la République de Macédoine.

 

 

TEXTE DE LA PLATEFORME EN MACÉDONIEN[1]

  1. Постигнување на целосна рамноправност во согласност со Охридскиот договор и Уставот
  • Правилно спроведување на принципот на мултиетничноста во Уставот на РМ, каде Албанците се сметаат како државотворна нација, поддржување на секаква правна и уставна иницијатива која ja зајакнува националната рамноправност за албанското население.
    • Постигнување на целосна јазична еднаквост, употребата на албанскиот јазик во сите нивоа на власта и гаранција за неговата примена како фундаментално и уставно право. Уставот на Република Македонија треба да утврди дека „македонскиот јазик и неговото кирилско писмо и албанскиот јазик со неговото писмо се официјални јазици во Република Македонија”.
    • Сеопфатна дебата за знамето, химната и државниот грб на Република Македонија со цел државните симболи да ја рефлектираат општествената мултиетничност и етничката рамноправност.
    • Усвојување на Резолуција во Собранието на Република Македонија со која се осудува геноцидот врз албанскиот народ во Македонија во периодот 1912-1956.
  1. Постигнување на економска рамноправност и на општествената благосостојба, особено преку рамномерен регионален развој
  • Создавање на нов механизам, во форма на една Државна комисија за финансирање на општините, за донесување одлуки со право за владини грантови во корист на општините.
    • Создавање на едно Министерство за политички систем и односи меѓу заедниците, како надлежен орган за почитување на правата на заедниците и поттикнување на економскиот и социјалниот развој во неразвиените подрачја.
    • Остварување на правична застапеност во органите за безбедност, војската, разузнавањето и правдата.
    • Остварување на правична застапеност во сите нивоа на централната власт како и во јавните служби или претпријатија со јавни акции.

3.Зајакнување на владеењето на правото, како предуслов за напредок на евро-атлантскиот интегративен процес

  • Спроведувањето на реформите во согласност со Договорот во Скопје, Препораките на Прибе, итните препораки на Европската Комисија како и Препораките од Пристапниот дијалог на високо ниво со ЕУ.
    • Поддршка за непристрасно вршење на работата на Специјалниот Обвинител, без етнички и политички предрасуди.
    • Целосно расчистување на прашањата и судските постапки како “Сопот”, “Бродец”, “Монструм” и “Куманово” преку една анкетна комисија или меѓународен независен орган.

4.Создавање на дух на доверба во функција на добри меѓуетнички односи како суштински елемент за политичка стабилност во земјата

  • Преземање на афирмативни мерки за обезбедување финансирање на албанските културни институции на централно и локално ниво.
    • Создавање на една централна институција за унапредување на јазиците на заедниците, која ќе обезбеди подготовка на преведувачи, уредници и предавачи.
  1. Решавање на спорот со името, во согласност со европските вредности и принципите на меѓународното право
  • Усвојување Заедничка и Обврзувачка Резолуција во Собранието на Република Македонија со која Владата на Република Македонија е обврзува активно да се вклучи кон решавањето на спорот со името.
    • Вклучување на албанците во работната група за директни преговори со Грција.
  1. Добри односи со соседите
  • Вклучување на албанците во работната група за директни преговори со Бугарија.
    • Соработка со Косово и Албанија за интегрирано гранично управување.
    • Отворање на нови гранични премини.
  1. Брза интеграција во НАТО и во Европската Унија
  • Исполнувањето на горенаведените точки ќе го деблокира патот на Македонија кон целосна интеграција во НАТО и отворање на преговорите за членство во Европската Унија.

Исполнувањето на овие цели ќе се следи преку организирање Тркалезна маса на Албанските Парламентарни Партии, а истата ќе се одвива во согласност со принципот на ротација и ќе служи како платформа за усогласување на политичкото дејствување и транспарентна комуникација со меѓународните партнери на Македонија, особено барајќи ја поддршката на Европската Унија и меѓународните институции.

Тркалезната маса ќе ги определи роковите за спроведување на горенаведените цели, во согласност со законите и Уставот на Република Македонија.

[1] http://a1on.mk/archives/689352